Question à… Nora Fraisse, fondatrice de Soyons attentifs : le harcèlement touche environ un élève sur dix
Depuis quelques temps, ma fille, élève de CE2, se replie sur elle et fait des cauchemars. J’essaie de savoir ce qui ne va pas mais elle répond vaguement à mes questions et s’énerve. Comment puis-je l’aider ?
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«Changement de comportement, problèmes de sommeil, irritabilité, attitude fuyante peuvent être les symptômes d’un harcèlement. Ce phénomène se traduit par une violence verbale, physique ou psychologique répétée et souvent portée par un groupe de personnes à l’égard d’une autre. C’est le rejet de la différence, un défaut de langage (bégaiement…), un aspect physique… Tout le monde peut en être victime, tout peut être prétexte. En France, environ un élève sur dix subit cette violence, soit trois par classe, en ville et en zone rurale.
Le harcèlement est difficilement visible par l’adulte car il se produit hors de sa présence : à l’école, dans le bus, lors d’activités extra-scolaires, mais aussi, et de plus en plus, sur les réseaux sociaux ou lors de jeux en ligne dès le CE2-CM1.
Commencez par poser des questions précises à votre fille, notamment comment se passe le temps du midi où pendant deux heures des agissements peuvent avoir lieu. “Avec qui as-tu joué, mangé à la cantine…” Les conflits entre écoliers existent mais quand ils se répètent, c’est problématique. Si le jeune est isolé, cela est aussi inquiétant. Assurez votre enfant que “dire n’est pas rapporter”. Il vaut mieux tout verbaliser que cacher des choses qui s’avèrent importantes. Le petit ou l’ado gardera ainsi la confiance en la parole de l’adulte.
Si le souci a lieu à l’école, rencontrez la direction. Vous pouvez aussi contacter le référent académique “harcèlement”. Le jeune en souffrance doit consulter un médecin qui saura guider la famille. Sollicitez le 30 20 ou en cas de cyber-violence le 0800 200 000. Au-delà de l’écoute et du conseil, l’association e-enfance, qui gère cette ligne téléphonique, peut aider à retirer des propos blessants sur le web.
En outre, notre association (1) propose partout en France des formations dédiées à la lutte et à la prévention du harcèlement destinées aux enfants et adultes (parents, équipe éducative…). La souffrance possible, dès la première sociabilisation, laisse des traces à vie : perte d’estime de soi, décrochage scolaire, dépression… Soyons attentifs. » Propos recueillis par Florence Mélix.
(1) Cette association a ouvert en novembre 2020 La maison de Marion dans l’Essonne (tél. : 01 69 30 40 14), le premier centre venant en aide aux victimes de harcèlement. Le 13 février 2013, Marion, 13 ans, se suicide, victime de harcèlement à l’école.
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